
Vœux
A l’approche de l’année nouvelle, permettez-moi de vous présenter mes meilleurs vœux de santé, de
prospérité, de paix en famille et dans votre cadre de vie. Que 2015 soit pour chacun d’entre vous l’occasion de rencontres qui embellissent la vie et de pardons qui, eux aussi, assurent un mieux vivre dans la sérénité retrouvée.
Bruno, HEUREUX de vous rencontrer au travers de mes écrits.
Oser le dire
Les événements politiques et syndicaux de ces derniers temps ainsi que quelques rencontres fortuites m’inspirent des réflexions qui se concluent toutes par ces trois mots : « Oser le dire » .
Grève politique
« La FGTB est le bras armé du PS et les grèves sont politiques ! » fulminent les partis du gouvernement fédéral. Et alors ? Dans la Grèce antique, la politique est le service de la cité et de ses habitants ; chez nous, aujourd’hui, est-ce toujours pareil ? En démocratie, certains semblent l’oublier, la politique n’est pas le monopole des partis, des élus, des ministres. Tout un chacun peut faire de la politique, individuellement ou en groupe, sans s’affilier à un parti, et faire entendre sa voix, pas seulement lors des élections mais dans sa vie de tous les jours. Alors, si la population ou une partie de celle-ci estime, après avoir épuisé toutes les autres voies, que la grève est l’ultime moyen pour défendre la qualité de sa vie et notamment celle des petits, des plus faibles, c’est son droit le plus strict voire un devoir. Chaque grève a un sens politique. Normal. Il faut oser le dire ! Normal, à condition que le dialogue social reste le moyen privilégié par tous de résoudre les problèmes entre les autorités, quelles qu’elles soient, et ceux qu’elles « administrent », normalement pour un mieux vivre ensemble ; or, ce n’est pas toujours le cas dans la mesure où le profit personnel, maximal et immédiat remplace trop souvent l’intérêt commun, polluant ainsi la concertation et la rendant très difficile. Il faut oser le dire.
Grève sauvage
Si la grève se justifie dans le cas où le dialogue social préalable débouche sur une impasse ou une rupture, en abuser fait perdre toute crédibilité aux travailleurs et à leurs représentants. Or, depuis l’annonce et la mise en oeuvre du plan syndical de grèves et de manifestations, plusieurs corporations ont mené des actions sauvages, notamment certains dépôts des TEC, une partie des conducteurs de trains...
Constatons que, une fois de plus, ces mouvements sauvages touchent principalement la Wallonie ; qu’ils ont pour objectifs des intérêts très « personnels », corporatistes pour ne pas dire égoïstes, loin des revendications plus larges des syndicats ; que, par ces actions intempestives, ils finissent par se mettre les usagers à dos. « Y en a marre, trop is te veel ! » disent ces derniers pris en otages; il faut oser le dire.
Droit au travail
Le droit de grève fait partie intégrante de la législation du travail ; le droit au travail fait partie intégrante des droits fondamentaux garantis à chacun de ses membres par notre société démocratique. Dans cet esprit, la dérive de certains piquets de grève est regrettable, qui intimident, injurient, menacent, « bousculent », prennent en otage des gens, qui ne pensent pas comme eux ou qui ne peuvent se permettre de faire grève, et leur interdisent physiquement d’exercer leur droit au travail. En démocratie, face à une opinion différente, à une volonté opposée, plutôt que d’utiliser le chantage et la force, il faut savoir informer, convaincre et, ensuite, laisser à chacun son libre arbitre ; certains piquets devraient s’en inspirer. « Ce qu’on obtiendra par la grève, les non-grévistes en bénéficieront aussi ! » disent les grévistes. A cet argument, pas toujours vérifié, certains répondent : « Je me méfie des gens qui savent mieux que moi ce qui est bon pour moi ! Je ne leur demande rien ! » Il faut oser le dire.
Mais il n’y a pas que les grévistes qui mettent en péril le droit au travail de tous les citoyens. Les gouvernements successifs, de quelque couleur qu’ils soient, par leur incapacité à mettre en place des politiques créatrices d’emplois, mettent à mal ce droit au travail qui doit assurer à chacun qualité de vie et dignité. Il faut oser le dire.
Fin de carrière.
La durée de la vie et donc de la retraite augmentant sans arrêt, il ne sera plus possible d’assurer, dans un futur proche, la pension de retraite de tous les travailleurs au terme de leur carrière, si des mesures adéquates ne sont pas prises dès aujourd’hui. Il faut oser le dire.
Octroyer une pension décente après la vie professionnelle devrait se faire automatiquement non à un certain âge mais après un nombre défini d’années de travail : tout en tenant compte de la pénibilité différente des diverses professions ; tout en prévoyant des aménagements de fin de carrière appropriés à la santé et aux capacités des plus âgés ; tout en veillant, dans le calcul de la carrière et de la pension, notamment pour les femmes, à valoriser comme travail à temps plein les périodes de travail à temps réduit consacrées à l’éducation de jeunes enfants.
Cela dit, travailler plus longtemps sera indispensable ; mais rendre cet allongement supportable et motivant devrait être l’unique objectif d’un ministère chargé d’organiser au mieux la (fin de) carrière de celles et ceux qui, il ne faut jamais l’oublier, par leurs impôts et leur travail, rapportent une part importante des recettes de l’état et contribuent aux bénéfices des entreprises. Il faut oser le dire.
Taxations injustes
« C’est toujours sur les petits que l’on retombe pour combler les trous créés par une mauvaise gestion de l’Etat. » « L’Etat a payé très cher le renflouement des banques en déconfiture de par leur propre faute. Aujourd’hui, c’est nous qui payons la note... Des milliards pour les banques et rien pour nos emplois ! » Surtout en temps de crise, de telles déclarations, on les entend tous les jours dans tous les lieux publiques. « Raccourcis faciles et amalgames ! » diront certains. Pourtant, peut-on donner tort à celles et ceux qui expriment leurs doléances. En effet, comment justifier, par exemple, qu’après avoir été renflouées par l’Etat, les banques se semblent pas avoir retenu la leçon et agissent comme avant, tout en rendant encore plus difficiles les conditions d’emprunt pour les particuliers et les petites entreprises ? Comment justifier des intérêts notionnels qui ne créent pas d’emplois mais assurent à ceux qui en bénéficient une largesse fiscale écoeurante ? Comment justifier la volonté gouvernementale de ne pas taxer les plus hauts revenus rendant ainsi la société et l’impôt plus inégalitaires, alors qu’on demande à chacun des bas revenus de faire un effort ? Comment justifier les amendes sévères pour certains « petits » délits du commun des mortels alors que des organismes importants et avec pignon sur rue escroquent le fisc sciemment et échappent aux éventuelles poursuites, condamnations et amendes grâce à des procédures interminables qui aboutissent au but recherché, le dépassement du délai de prescription ? Il faut oser le dire.
D’aucuns n’hésiteront sans doute pas à qualifier mes propos de populistes ; j’assume même s’ils ont tort. Car ces propos sont l’expression de vérités et de réalités où inégalité et injustice règnent en maître, où, de fait, les puissants sont protégés et courtisés alors que les autres sont étroitement surveillés et éventuellement punis avec sévérité. «Si vous voulez faire de la prison, faites-le tant que vous êtes pauvres ; quand vous serez riches, cela ne sera plus possible. » « Le pauvre a tort avec de bons arguments, le riche a raison sans argument du tout. » Aujourd’hui encore et plus que jamais, ces deux citations d’une lucidité ironique de Félix Leclerc conservent toute leur vérité. Il faut oser le dire.
Autistes
Les dirigeants d’un syndicat ont qualifié quelques ministres « d’autistes ». Ce n’est pas très aimable pour les ministres en question ; c’est aussi un manque de respect pour... les autistes qui ne méritent pas d’être comparés à certains de nos dirigeants !!! Certes, je rigole ! Pourtant, il est des mots, des comparaisons, des insultes, parfois, à proscrire pour exprimer indignation et colère, même légitimes. Il faut oser le dire.
Dignement.
Une connaissance me disait récemment sa rage d’avoir vu un de ses proches mourir dans d’atroces souffrances alors que celui-ci avait exprimé clairement le désir de s’en aller paisiblement. Sans tenir compte, dans un premier temps, du souhait du patient en phase terminale, l’équipe médicale avait prolongé une survie pénible par un acharnement thérapeutique incompréhensible. Ensuite, devant l’insistance de la famille, le corps médical avait finalement débranché tous les appareillages... tous, y compris celui qui administrait les antidouleurs !!! Débrancher tout, tel était le voeu du malade et des siens, mais, évidemment, pas les antidouleurs qui auraient permis à cette personne de s’en aller sereinement, ce qui ne fut pas le cas, bien au contraire. Inacceptable, inhumain ! On parle souvent du droit de vivre dignement ; mais celui de mourir dignement est tout aussi important ; il faut oser le dire.
Source & Texte de > Bruno Heureux.Photo > Dessin de Samuel